Cette seconde partie du site va introduire
le fonctionnement de la bombe atomique ( A )
Little Boy. Quelques passages parlerons également
de Fat Man notamment dans la troisième
section nommée La bombe en chiffres.
Le projet Manhattan a permis d'élaborer le
fonctionnement de la bombe atomique. C'est la
fission nucléaire qui est à l'origine de l'explosion.
La fission est produite lorqu'un neutron entre
en collision avec le noyau d'un atome fissible
( par exemple l'235U ou le 239Pu
). Cette collision libère à son
tour deux neutrons ( ou plus ) qui vont à
leur tour frapper d'autres noyaux : c'est la
réaction en chaîne ( ici non-contrôlée
) qui libère par exemple cent millions
de fois plus d'énergie qu'une molécule
de carburant en moins d'un centième de
seconde. Voici deux illustrations schématiques
mettant en scène, pour la première,
la fission nucléaire et pour la seconde,
la réaction en chaîne :
Voir
l'illustration n°1 /::\
Voir
l'illustration n°2
Cliquer
ici pour voir une animation ludique sur la fission
nucléaire
Cliquer
ici pour voir une animation ludique sur la réaction
en chaîne
- Schémas et coupes de la bombe
Little Boy :

Ci-dessus une coupe simplifiée
de Little Boy
Cliquer
ici pour voir une coupe complexe de Little Boy
La bombe atomique Little Boy est dite du type
revolver ou gun-type, en effet une petite partie
d'uranium est propulsée sur une autre
partie, plus grosse, afin que ces deux parties
se soudent entres elles pour former un assemblage
surcritique. C'est lorque ces deux parties sont
unies que la réaction en chaîne
se produit et que la bombe explose. Le rôle
du détonateur est de projeter la balle
( petite partie ) d'uranium à la vitesse
de 300 m/s, on utilisa de la cordite, un explosif
d'artillerie à base de nitrocellulose
et de nitroglycérine.
Afin de causer le plus de dommage possible,
la bombe explosa à environ 500 mètres
d'altitude et non pas au contact du sol pour
que le diamètre du souffle donc soit
le plus large possible. C'est pourquoi la bombe
fut dotée d'un altimètre et d'un
capteur de pression pour s'autodéclencher.
A haute altitude, la pression était faible
mais elle augmentait au fur et à mesure
que la bombe tombait. Une fine membrane métallique
se déformait selon la pression et une
fois la bombe arrivée à la hauteur
adéquate, elle venait toucher le contact
qui lançait l'explosion de la cordite
(charge explosive ).
- La masse critique ( surcritique ), explications
:
Une question se pose : pourquoi séparer
l'uranium en deux parties ? Il ne faut pas dépasser
la masse critique. Cette masse critique de la
bombe est la quantité de matière
nécessaire pour entretenir une réaction
en chaîne. Pour l'235U pur,
cette masse est d'environ 52 kg. Mais l'uranium
235 n'est jamais pur donc il en faut toujours
plus ... Ci-après un schéma explicatif
du mode de fonctionnement simplifié de
Little Boy :

Lorsque les deux parties se frappent,
nous avons un assemblage surcritique, le nombre
de fission s'accroît très rapidement
pour conduire à l'explosion nucléaire
( un millionième de seconde suffit pour
faire exploser l'arme ).
Lors d'une réaction de fission en chaîne,
de nombreux neutrons s'échappent du matériau
fissible et sont perdus, ce qui diminue considérablement
le rendement de la réaction. C'est pourquoi
il faut conserver le plus longtemps possible
les neutrons pour augmenter le nombre de fissions.
On utilisera donc un réflecteur et un
confinant. Les deux parties d'uranium étaient
protégées dans des gaines en bore
( de symbole B, de famille métalloïde
) destinées à absorber les neutrons.
Lorsque le projectile atteignait la cible, la
protection en bore devait sauter et être
projetée dans une cavité placée
dans le nez de la bombe. Le système de
réflecteurs pour concentrer les neutrons
était composé de tungstène
et d'acier. Cette partie, nommée tamper
( tampon ) pesait au total 2,3 tonnes. La cible
venait se nicher dans cette pièce. Ci-dessous
un schéma explicatif sur lequel les deux
blocs d'235U sont assemblés
:

Voici une coupe en hauteur des
deux bombes nucléaires les plus "
célèbres " de l'histoire
atomique. A gauche Fat Man et à droite
Little Boy :

- La bombe H ( à Hydrogène
) ou bombe thermonucléaire :
Alors que la bombe A utilise le principe de
la fission, qui est la séparation des
atomes, la bombe H utilise la fusion, qui consiste,
comme son nom l'indique, à fusionner
des éléments dits fusibles. Les
bombes H utilisent généralement
des éléments fusibles comme le
deutérium et le lithium (le tritium n'étant
pas stable).
Pour réaliser une fusion thermonucléaire,
il faut comprimer ces éléments
en les portant à de très hautes
températures. La force de compression
suffisante à l'amorçage de la
réaction ne peut-être produite
que par l'utilisation d'une bombe A. La bombe
A est donc utilisée comme un détonateur.
La bombe H classique est divisée en
deux étages :
- le premier constitué d'une simple
bombe A permet de compresser le deuxième
par un apport massif de rayons X.
- le deuxième étage est constitué
des combustibles de fusion et d'un cœur
en Plutonium.
Sous l'effet de la compression le cœur
amorce une nouvelle réaction de fission.
Les combustibles de fusion soumis à une
pression suffisante peuvent alors entrer en
réaction thermonucléaire.
On peut aussi utiliser un troisième
étage pour produire une bombe H surpuissante.
Cet étage supplémentaire est plus
volumineux que le deuxième et sa fusion
est amorcée par l'énergie dégagée
par la fusion du deuxième étage.
On peut donc fabriquer des Bombes H de puissances
colossales en ajoutant des étages (en
moyenne l'étage supplémentaire
est 10 fois plus volumineux que celui qui le
précède).
Tsar Bomba fut une bombe H à trois étage
d'une puissance de 50 Mt. Elle explosa en 1961
lors d'une démonstration de force effectuée
par les Soviétiques.
- La bombe à neutrons ( bombe N ) :
La bombe à neutrons est une bombe atomique
de puissance explosive réduite, mais
conçue pour produire une forte irradiation
afin de détruire les organismes vivants
et de préserver dans la mesure du possible
les bâtiments, matériels, et infrastructures.
Elle a été inventée par
Samuel Cohen.
La bombe à neutrons, aussi appelée
bombe N, détruit peu les bâtiments,
car les effets de souffle, de chaleur et de
radiations sont limités, quoique toujours
présents. En contrepartie, l'émission
de neutrons est grandement amplifiée
afin de tuer les organismes vivants situés
dans le rayon d'action de la bombe. Comme la
zone d'explosion de la bombe n'était
pas durablement contaminée, et que les
infrastructures étaient préservées,
les militaires la considéraient comme
une bombe « propre ».
En raison de ses propriétés,
la bombe à neutrons à l'origine
était destinée à stopper
une avancée de chars d'assaut ennemis,
en tuant les hommes se trouvant à l'intérieur.
Elle a également servi à la réalisation
de missiles anti-missiles (stratégiques),
du fait de ses effets destructeurs sur les équipements
électroniques.
À cet effet, l'armée américaine
ne l'a déployée que pendant une
courte période précédant
la signature du traité ABM, au sein de
ses missiles anti-missiles Sprint, en 1975.
Le principe de la bombe à neutron réside
dans le fait qu'un neutron rapide (E>1000
eV), est capable "d'ébranler"
le noyau d'un atome. Le noyau positif se mettant
à osciller dans un cortège électronique
négatif, va produire un effet d'ionisation
au niveau de ce cortège, et donc provoquer
"l'expulsion" d'un ou plusieurs électrons
de leur(s) orbitale(s). L'atome devenu ainsi
un cation, va déstabiliser la molécule
où il se trouvait et provoquer sa rupture.
Notons que les électrons contenus dans
les couches profondes, après leur départ,
provoqueront un réarrangement électronique
important, et par la même occasion, une
émission d'un ou plusieurs photons (UV,
Rayons X). Cependant, l'énergie du neutron
qui heurte un noyau varie selon la quantité
de nucléons (donc varie en fonction du
nombre de masses A). En effet plus le nombre
de masses sera petit, plus l'énergie
cédée par le neutron sera importante.
En revenant à la bombe N, les neutrons
pourront donc traverser des blindages ou des
murs, composés d'atomes avec un nombre
de masses important, sans perdre "trop"
d'énergie, et ainsi auront un effet dévastateur
au niveau des molécules d'eau, qui rappelons-le,
composent à hauteur de 70% l'organisme
humain (le noyau d'hydrogène étant
le plus simple des noyaux, avec simplement 1
proton, pour l'isotope le plus répandu).

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